Un voleur halfelin

[Le 31 mars 2012]

Un de nos confrères vigilants, qui faisait une ronde dans le quartier depuis un moment, vint me relever pour le tour de garde de la sainte chapelle d'A'gloth, tout en me précisant qu'un voleur était en train de sévir au marché ; il me conseilla de lui couper une main si je l'attrapais. Il semblait que les rumeurs désignaient un halfelin de Vilbas, sans qu'il pût m'en dire plus. Le vigilant, même si j'avais reçu des consignes pour nouer des liens avec les quartiers environnant les portes, me fit clairement comprendre qu'il ne souhaitait pas que j'associasse à ma recherche messire Kraelgor de l'Amicale Ferguson, qui se trouvait présent.

Je me mis donc en quête de notre voleur au marché, l'arpentant sans me démotiver pendant toute la matinée jusqu'à ce que, au bout d'environ trois heures, j'aperçus enfin quelque manifestation concrète du manège du semi-homme dans le coin des boulangers et des primeurs. Je contournai l'étalage de la marchande halfeline, pour le retrouver derrière ; toutefois, à peine avais-je prononcé deux mots qu'il s'enfuit en courant à grande vitesse en direction de Vilbas, mon armure lourde ne me permettant pas de songer à rivaliser.

Arrivé à Vilbas, je ne pus que constater que la foule qui s'y trouvait avait englouti mon voleur. De plus, celle-ci, quoi que je demandai à parlementer avec politesse, se montra relativement hostile et absolument non coopérative. Un halfelin présent finit par me demander ce que je recherchais, toutefois, les questions de vol ne semblaient pas le concerner le moins du monde, lui trouvant normal que certaines personnes se fissent dépouiller, y compris une marchande halfeline inconnue. En somme, je me trouvais face à un mur.

La situation s'avéra bloquée, jusqu'à ce qu'un halfelin ne tentât de me contourner pour quitter le quartier ; je crus reconnaître en lui mon voleur. Toutefois, celui-ci faisait comme si de rien n'était, prétendant qu'il n'avait rien d'un voleur et qu'il travaillait comme un esclave pour nourrir sa famille, sans compter que s'il arrivait en retard, sa journée de salaire lui serait ôtée. Il finit par quitter le quartier, moi me souvenant des paroles du vigilant qui m'avait aiguillé sur ce cas, prétendant que ces halfelins se ressemblaient tous.

Je le suivis tout de même et l'arrêtai alors qu'il se dirigeait vers Bordnagar, persuadé malgré tout qu'il s'agissait bien du voleur. Je lui proposai le moyen de laver les soupçons ou de les confirmer, en se présentant devant la marchande halfeline, qui le reconnaîtrait bien, mais il ne voulut là encore rien entendre, prétextant de son travail dans les mines. Puis, arguant encore du fait que je n'étais pas milicien et qu'il allait écoper de coups de fouet, il fit volte-face pour regagner en trombe son quartier, où le même scénario allait m'attendre fatalement. Sans doute le fameux filet vigilant n'aurait-il pas été de trop dans un tel cas.

J'allai retrouver le vigilant en poste devant la chapelle, lui expliquant sommairement que le voleur avait pris la fuite mais que je saurais me souvenir de son visage ; de plus, deux halfelins m'avaient témoigné une certaine reconnaissance quand j'avais combattu à Vilbas un semi-orc, contrairement à la foule, et pourraient peut-être m'aider. Le vigilant me laissa entendre que nous ne manquerions pas de travail de toute façon, que ce fût quant aux voleurs ou quant à la milice...

Qu'Oculus maximus maintienne notre vigilance à son zénith,

Vigilant Clovis Valoris

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