Une descente du Ka, un blasphème et un coup de fusil

[Le 3 avril 2012.]

Une apparition de Don Gormi

Consécutivement aux ennuis que j'avais eus, ainsi que messire Harald Thorvaldson, avec la milice au sujet du port d'armes et des entraînements publics, messire Kraelgor et moi-même fûmes abordés devant notre sainte chapelle d'A'gloth par un homme de petite taille à l'air assuré si ce n'était hautain, qui fit malicieusement remarquer au nain qu'il portait une bien belle armure, pour mieux lui rétorquer ensuite qu'il ne devait pas connaître la nouvelle taxe qu'occasionnait dorénavant le port d'un tel équipement. Le nain lui répondit de manière spontanée qu'il en portait bien une, lui, et ne crut pas l'homme quand il se montra outragé et déclara être Don Gormi en personne, avant d'en appeler à la garde.

Je tentai d'expliquer à Don Gormi que le nain ne l'avait tout simplement pas reconnu, mais il s'entêtait à y voir un affront. Toutefois, quand après lui avoir répété que nous ne vivions depuis guère longtemps en ville, je lui déclarai que nous étions disposés à écouter son propos sur la taxe évoquée, il se radoucit nettement, me demandant même qui j'étais. Malheureusement, je donnai aussi bien ma fonction que mon nom, ce qui lui fit changer de visage une fois encore : il énonça nettement que la ville n'avait pas besoin de notre ordre, et alla jusqu'à prétendre que nous n'étions rien sinon un fléau public et un danger urbain. Je constatai poliment, conservant mon calme, que nous ne semblions guère estimés par les siens.

D'une manière autoritaire, Don Gormi nous intima de nous taire et réclama ses deux cent pièces par personne ; toutefois, messire Kraelgor déclara n'avoir pas d'argent, quand je répondis simplement que du fait que la milice avait conservé une épée qu'elle devait me rendre, cela faisait bien le compte. L'homme devint tout rouge, et esquiva l'affrontement en nous apprenant que nous avions de la chance que le Ka tînt un discours à la caserne, avant de s'en aller avec les miliciens qui l'avaient rejoint. Une chance qui tourna bien vite pour moi.

Une descente du Ka, un blasphème et un coup de fusil

Messire Kraelgor décida d'aller voir ce qui se passait à ce sujet, tandis que je restai parler avec quelques personnes de passage, mais il revint assez vite vers moi pour me signaler que des hommes du Ka recherchaient ce qu'ils appelaient des déviants dans les environs. La sœur Mazarine s'inquiéta un peu de ma réaction spontanée quand je déclarai discrètement que ces gens n'étaient pas des amis de notre clergé et que nous devrions nous en méfier, me rappelant qu'ils étaient tout de même l'autorité – pas la mienne, comme je le fis remarquer, même si je promis d'observer une stricte politesse. La sœur m'assura que j'étais plus utile à la Foi vivant que mort, ce à quoi j'agréai, en précisant que c'était vrai tant que ma vie n'était pas un affront pour notre Foi. Messire Kraelgor prétendit quant à lui qu'il était prêt à les « bousiller » s'ils me causaient des problèmes.

Alors que nous discutions, un semi-orc, manifestement un peu ivre du fait de son élocution tâtonnante, ou du moins empestant fortement l'alcool, s'avança vers nous pour nous demander notre aide, car il avait grand peur d'être contrôlé par le Ka puis d'être « emmené ». La sœur Mazarine lui demande de s'en aller, mais messire Kraelgor et moi lui demandâmes ce qu'il craignait avoir d'illégal sur lui, le premier fouillant son sac pour y découvrir un traité d'Ulrich Zimmer, ainsi qu'une seringue, laquelle fut jetée. Je lui recommandai de revenir à la chapelle pour être mieux conseillé avant qu'il ne s'en allât.


Ce fut alors que retentit un coup de feu sur la place de Luminis, au marché, vers lequel nous fûmes quelques-uns à nous diriger pour constater de quoi il retournait exactement. Là, nous découvrîmes un sorcier de Ka, entouré d'un nombre respectable d'hommes de main armés de fusils et vêtus d'armures sombres, qui pesta contre les déviants et les comploteurs ; puis un des hommes demanda à la foule de se tenir tranquille, et annonça qu'ils allaient procéder à un contrôle, sans qu'aucun mal ne fût fait si chacun obéissait. On commença par moi, me demandant d'écarter les bras d'une manière toute inexpressive, ce que je fis sans prononcer un mot ; on ne trouva rien à me reprocher, ce que l'homme rapporta au sorcier, des mains duquel de l'énergie bleutée émanait, et qu'il qualifia d'excellence. Quelques personnes connues se trouvaient là, messire Kraelgor à côté de moi, messire Harald Thorvaldons un peu plus loin au nord-ouest (je me trouvais à la sortie du marché, le regard orienté vers le temple du Corps divin), et à mon nord-est Mlles Gabrielle et Linael et M. Al'ryn.


Tout se passait relativement bien, malgré des manières quelque peu rudes, quand ladite Excellence ordonna à ses hommes de contrôler notre chapelle, en désignant A'gloth comme un faux dieu. Ne pouvant tolérer un tel blasphème, je les invitai à revoir leur terminologie, tout en proclament qu'A'gloth était bien un vrai dieu, source de Vérité et de rayonnement solaire ; le sorcier leva les yeux vers moi, alors que l'énergie bleutée restreinte à ses seules mains, était désormais visible autour de tout son corps. Il ordonna à l'un de ses gardes de me faire taire, et si je toisai l'homme sans crainte, celui-ci n'hésita pas plus à m'asséner un violent coup de la crosse de son fusil en plein visage. J'encaissai la violence comme je le pus puis, me remettant un peu, je demandai des excuses tout en portant la main à la garde de ma lame, prêt à agir, ce qui fit s'impatienter le sorcier. Messire Kraelgor à ma gauche fut le seul à sortir son arme, mais personne n'intervint, paralysés par la peur qu'ils étaient tous. Je n'avais plus rien à perdre : j'envoyai un violent coup de coude à l'homme qui m'avait fouillé et qui se trouvait toujours derrière moi, ne manquant pas ma cible, mais je n'eus pas le temps de me protéger de mon écu pour prévenir le coup terrible qui m'emporta par devant. Un coup de fusil à bout portant. Je ne me réveillai à l'hospice que longtemps après une opération menée de main de maître la sœur Mazarine, et dus m'accommoder d'une convalescence d'un mois.

Pour le saint Nom d'A'gloth,

Vigilant Clovis Valoris








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